''Ph. D. souvenir''
Ouf. Déjà mercredi. Que d'aventures en ce début de semaine!
Lundi, j'ai reçu une projection d'acide sulfurique en plein front au cours d'une attaque chimique. Quand je dis ''attaque chimique'', je ne me prends pas pour Saddam en train d'attaquer les Kurdes, hein?! Que ce soit bien clair... L'attaque chimique est simplement une méthode de préparation de mes échantillons qui consiste à les plonger dans une solution d'acide sulfurique et d'acide ortho-phosphorique afin de révéler la structure cristalline. Mais ça n'intéresse personne... Donc, que je vous explique: j'attaquais tranquillement mes échantillons, la main légèrement tremblotante étant donné que j'ai une peur bleue de manipuler les acides forts. Quand tout à coup, en les retirant de leur solution de rinçage (la dernière étape!), un échantillon plus malin que les autres (le dernier, évidemment!) a décidé de s'échapper de ma pince et de retomber avec fracas dans son bain de péroxyde d'hydrogène et d'acide sulfurique. Ce qui a provoqué une petite éclaboussure, assez pernicieuse pour aller se loger en plein milieu de mon front... Sur le coup, ça picote un peu. N'écoutant que mon professionalisme, je rattrape l'échantillon maléfique et l'envoie prestement rejoindre ses congénaires dans un bécher d'eau déminéralisée (faudrait pas scrapper 3 heures de manip' quand même!). Je file immédiatement aux toilettes, pour constater que j'ai un rond blanc en plein milieu du front (''Ph.D souvenir''). Je me plonge le front sous le robinet d'eau froide pendant une quinzaine de minutes, m'imaginant déjà comme ces femmes du Bengladesh, vitriolées par leur petit-ami parce qu'elles ont osé le regarder de travers pendant 5 secondes, et forcées de se cacher sous un voile immense jusqu'à la fin de leur jour pour éviter l'humiliation publique. Je vais être défigurée à vie, avec un gros spot au milieu de la face, et tout ça à cause de ce stupide doctorat!
Agent Technique, qui a vu la scène (ben oui! si je fais des gaffes, c'est forcément dans ce laboratoire-là!), est allé chercher la responsable Santé et Sécurité qui arrive rapidement sur les lieux du crime:
- Bon alors... Qu'est-ce qui est arrivé?
- J'ai reçu une projection de péroxyde d'hydrogène contenant un peu d'acide sulfurique.
- Ah oui? Faites voir?
- C'est là, explique-je, en désignant le milieu de mon front avec mon index.
- Je ne vois rien.
- Comment ça vous ne voyez rien?
Et je me retourne vers le miroir, pour constater que mon front est entièrement rose face de bébé, et qu'il ne contient aucun point blanc, rouge, ou rouge à pois blancs. Le bon Dieu a finalement choisi de m'épargner.
- Ben ça alors! m'exclame-je (je sais: ça ne se dit pas, mais ça m'amuse!).
- Vous avez eu un bon réflexe, en rinçant immédiatement le produit.
- ....
- Vous voulez que je vous mette un plaster1? s'enquiert la responsable Santé et Sécurité, un peu affolée par ma mine mi-consternée, mi-ahurie.
- Heu... Ben non. Ça ira, je crois.
- Bon alors... Bon rétablissement! me lance-t-elle en rigolant.
Quelle panique! Juré: à la prochaine attaque, en plus des lunettes (ah oui: merci, les lunettes!!!), de la blouse et des gants en nitrile, je mets une visière!
__________________________________________
1 Pour les Français de France (PFF): pansement. Pour Lydie: ''piinsemiiin!''' (avec l'accent de Gap!).
Lundi, j'ai reçu une projection d'acide sulfurique en plein front au cours d'une attaque chimique. Quand je dis ''attaque chimique'', je ne me prends pas pour Saddam en train d'attaquer les Kurdes, hein?! Que ce soit bien clair... L'attaque chimique est simplement une méthode de préparation de mes échantillons qui consiste à les plonger dans une solution d'acide sulfurique et d'acide ortho-phosphorique afin de révéler la structure cristalline. Mais ça n'intéresse personne... Donc, que je vous explique: j'attaquais tranquillement mes échantillons, la main légèrement tremblotante étant donné que j'ai une peur bleue de manipuler les acides forts. Quand tout à coup, en les retirant de leur solution de rinçage (la dernière étape!), un échantillon plus malin que les autres (le dernier, évidemment!) a décidé de s'échapper de ma pince et de retomber avec fracas dans son bain de péroxyde d'hydrogène et d'acide sulfurique. Ce qui a provoqué une petite éclaboussure, assez pernicieuse pour aller se loger en plein milieu de mon front... Sur le coup, ça picote un peu. N'écoutant que mon professionalisme, je rattrape l'échantillon maléfique et l'envoie prestement rejoindre ses congénaires dans un bécher d'eau déminéralisée (faudrait pas scrapper 3 heures de manip' quand même!). Je file immédiatement aux toilettes, pour constater que j'ai un rond blanc en plein milieu du front (''Ph.D souvenir''). Je me plonge le front sous le robinet d'eau froide pendant une quinzaine de minutes, m'imaginant déjà comme ces femmes du Bengladesh, vitriolées par leur petit-ami parce qu'elles ont osé le regarder de travers pendant 5 secondes, et forcées de se cacher sous un voile immense jusqu'à la fin de leur jour pour éviter l'humiliation publique. Je vais être défigurée à vie, avec un gros spot au milieu de la face, et tout ça à cause de ce stupide doctorat!
Agent Technique, qui a vu la scène (ben oui! si je fais des gaffes, c'est forcément dans ce laboratoire-là!), est allé chercher la responsable Santé et Sécurité qui arrive rapidement sur les lieux du crime:
- Bon alors... Qu'est-ce qui est arrivé?
- J'ai reçu une projection de péroxyde d'hydrogène contenant un peu d'acide sulfurique.
- Ah oui? Faites voir?
- C'est là, explique-je, en désignant le milieu de mon front avec mon index.
- Je ne vois rien.
- Comment ça vous ne voyez rien?
Et je me retourne vers le miroir, pour constater que mon front est entièrement rose face de bébé, et qu'il ne contient aucun point blanc, rouge, ou rouge à pois blancs. Le bon Dieu a finalement choisi de m'épargner.
- Ben ça alors! m'exclame-je (je sais: ça ne se dit pas, mais ça m'amuse!).
- Vous avez eu un bon réflexe, en rinçant immédiatement le produit.
- ....
- Vous voulez que je vous mette un plaster1? s'enquiert la responsable Santé et Sécurité, un peu affolée par ma mine mi-consternée, mi-ahurie.
- Heu... Ben non. Ça ira, je crois.
- Bon alors... Bon rétablissement! me lance-t-elle en rigolant.
Quelle panique! Juré: à la prochaine attaque, en plus des lunettes (ah oui: merci, les lunettes!!!), de la blouse et des gants en nitrile, je mets une visière!
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1 Pour les Français de France (PFF): pansement. Pour Lydie: ''piinsemiiin!''' (avec l'accent de Gap!).